Nous, organisations et individus signataires, demandons l’annulation immédiate de l’ordre d’expulsion à l’encontre de Khalida Jarrar, membre du Conseil législatif palestinien, activiste pour les droits des prisonniers et dirigeante politique.
Le 20 août, à une heure et demie du matin, cinquante soldats israéliens d’occupation ont envahi la maison de Mme Khalida Jarrar et lui ont remis un « ordre de surveillance spéciale », écrit en hébreu et lu tout haut en arabe. Signé par un tribunal militaire israélien sur la base de preuves non spécifiées et secrètes, le document ordonnait que Mme Jarrar soit expulsée de sa maison de Ramallah, déplacée de force et confinée à Jéricho pour une période initiale de six mois ; l’ordre prenait effet dans les vingt-quatre heures.
Cet ordre constitue une injustice flagrante qui s’inscrit dans la continuité de la politique d’occupation israélienne visant à réduire au silence les dirigeants politiques palestiniens, à enfermer et à chasser les Palestiniens de chez eux. Expulsion de plus de 750 000 Palestiniens – dont des membres de la famille de Khalida Jarrar – de leur patrie en 1948 et déni de leur droit au retour depuis soixante-six ans ; tentative de déportation des maires palestiniens hors de la Palestine ; confiscation de la carte d’identité de Jérusalem des membres élus du Conseil législatif palestinien Mohammad Abu Tir, Ahmad Atoun, Mohammed Totah et Khaled Abu Arafah ; et maintenant cet ordre d’expulsion, la liste est longue des tentatives israéliennes pour menacer la vie palestinienne par les déplacements et les expulsions.
Khalida Jarrar a refusé de signer l’ordre d’expulsion. « Vous, les occupants, êtes en train de tuer notre peuple. Vous pratiquez les arrestations massives, vous détruisez les maisons, vous enlevez les gens pour les déporter. C’est vous qui devez partir », a-t-elle dit. Elle s’est s’installée dans une « tente de protestation » devant le bâtiment du conseil législatif à Ramallah. Elle a annoncé qu’elle y resterait et poursuivrait son travail jusqu’à la révocation de la décision d’expulsion.
Mme Jarrar est une dirigeantedu Front populaire pour la libération de la Palestine, un parti palestinien de gauche ;dirigeante et militante, elle organise régulièrement des manifestations et des actions populaires pour la liberté des Palestiniens. Depuis longtemps avocate des prisonniers politiques palestiniens, elle a été administratrice exécutive de l’Association Addameer de soutien aux prisonniers et pour les droits humains et est membre de son conseil d’administration. Elle est présidente du Comité pour les prisonniers du Conseil législatif palestinien.
Elle a été également active dans le mouvement des femmes palestiniennes dèsson entrée à l’université, où elle a rejoint les étudiantes qui luttaient contre l’occupation. Voix féministeéminentepour la défense etl’essor des droits des femmes, elle organise les initiatives de la Journée internationale des femmes en Palestine et maintient une coordination étroite avec l’organisation des femmes palestiniennes, soulignant que : « Les femmes palestiniennes sont des partenaires à part entière dans le combat palestinien. »
Depuis 1998, elle n’a plus le droit de quitter la Palestine occupée : quand elle a eu besoin d’un traitement médical en 2010, elle a dû mener campagne pendant des mois avant de recevoir son traitement.
Le déplacement forcé de Khalida Jarrarconstitue une violation de la loi internationale et de la quatrième Convention de Genève. Celle-ci interdit l’« assignation à résidence » excepté en cas d’« absolue nécessité » et interdit les déplacements forcés, collectifs ou individuels, de personnes protégées à l’intérieur d’un territoire occupé. Or l’ordre d’expulsion forcée de Mme Jarrar ne comporte que de vagues références à des « renseignements » et à la « protection de la sécurité de la région ».
Que Khalida Jarrar soitvisée par une mesure d’expulsion montreclairement que l’objectif est de réprimer l’organisation politique des Palestiniens – elle a été une figure éminente des manifestations de soutien aux Palestiniens de Gaza qui se sont déroulées en Cisjordanie pour dénoncer l’occupation militaire et le massacre de plus de deux mille Palestiniens.
L’invasion de la maison de Mme Jarrar et la remised’un « ordre de surveillance spéciale » enjoignant son expulsion ont eu lieu dans le périmètre de ce qu’on appelle la « Zone A », prétendument sous le seul contrôle de l’Autorité palestinienne en vertu des accords d’Oslo. Malgré cela, les forces d’occupation israéliennes ont été autorisées à entrer dans Ramallah et à envahir la maison de Mme Jarrar ; comme le remarque Addameer, « la prétendue “coordination de sécurité” entre les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne et les forces d’occupation israéliennes a permis l’expulsion d’une représentante élue du peuple palestinien, une représentante qui n’a cessé d’appeler à la fin de cette “coordination” ».
Khalida Jarrar a été visée par un ordre d’expulsion parce que c’est une femme palestinienne, une parlementaire palestinienne et une dirigeante palestinienne. Aujourd’hui, nous défendons la justice, nous défendons la Palestine, et nous sommes aux côtés de Khalida pour exiger l’annulation immédiate de l’« ordre de surveillance spéciale » imposant son expulsion.
Pour signer cliquer sur le lien suivant : http://samidoun.ca/2014/08/sign-on-endorse-the-khalida-jarrar-solidarity-statement/
Texte traduit par Katyusha Desjardins