La mémoire européenne est empreinte des convergences entre engagement féministe et engagement laïque. Il n’est nul besoin d’ailleurs de se replonger dans l’histoire pour comprendre cette proximité. Ainsi, récemment, à l’occasion du débat sur le Traité Constitutionnel Européen, des associations laïques et féministes se sont retrouvées pour déplorer le pouvoir consultatif octroyé aux Eglises et autres institutions religieuses. Elles craignaient, à juste titre, que les Eglises puissent ainsi remettre en question des avancées importantes, comme la dépénalisation de l’avortement et le droit à la contraception et au divorce ou qu’elles puissent freiner toute initiative progressiste au sein de l’Unioneuropéenne.Les concepts de laïcité et de féminisme paraissent poursuivre des objectifs différents,l’un visant à lutter contre la mainmise des Eglises sur la sphère publique et l’autre contre un système d’oppression subi par les femmes. Néanmoins, ils se rejoignent fréquemment dans leurs combats progressistes et se trouvent souvent face aux mêmes adversaires.Mais au-delà des concepts, et que l’on se définisse ou non comme féministe, le sort fait aujourd’hui encore à plus de la moitié de l’humanité doit continuer à nous préoccuper et à nous mobiliser. Certes, dans nos contrées, des avancées importantes ont été obtenues.Notre vie n’est plus celle de nos mères, ni de nos grands-mères... Pourtant, les mentalités patriarcales sont encore tenaces. A ce sujet, s’il est indispensable de lutter contre les pratiques coutumières et religieuses subies par beaucoup de femmes issues de l’immigration et que leur environnement masculin se garde bien de remettre en cause, l’erreur serait de croire que la condition de la femme n’est déplorable que chez les autres. Et l’arbre de masquer la forêt...Au sein des foyers européens, la violence est, pour les femmes de 16 à 44 ans, la première cause d’invalidité et de mortalité, avant le cancer ou les accidents de la route1.En France, une femme meurt de violence conjugale tous les cinq jours dans la plus grande indifférence. Cette violence domestique touche tous les milieux sociaux et culturels sans distinction. A cet égard, les nouvelles initiatives prises par la Ministre de la Justice en vue d’appliquer une tolérance zéro aux délits liés aux violences conjugales sont un pas dans la bonne direction.Dans le monde du travail, si la condition des femmes s’est améliorée, le 31 mars dernier,l’Equal Pay Day2organisé par la FGTB nous rappelait que, contrairement à d’autres idées reçues, les inégalités salariales entre hommes et femmes persistent et qu’une femme doit travailler trois mois de plus pour gagner le salaire annuel moyen d’un homme.Ces exemples, parmi une liste encore longue, démontrent, s’il en était besoin, que la lutte féministe n’est pas un combat d’arrière-garde, qu’elle nécessite aujourd’hui l’engagement de toutes et tous et compte parmi les valeurs défendues âprement par la laïcité et ce, pas uniquement à l’occasion de la journée annuelle de la femme. A travers le portrait de quelques-unes de ces femmes engagées sur différents fronts,Bruxelles Laïque a souhaité montrer le féminisme dans toute sa richesse et sa diversité.Notre association a fait par ailleurs des propositions concrètes pour soutenir la mise en place et l’action de la branche belge francophone du mouvement “Ni Putes Ni Soumises”.
Ariane HASSID Présidente